illustrazione: Henn Kim
tradotto da Giulia Cereda
Je viens de la province et ici enracinée en nous tous il y a une mauvaise habitude (même si beaucoup de gens la reconnaissent, la rejettent et s’en émancipent) qui est celle du jugement et de la critique constante.
Or, je ne dis pas que cela se produit seulement dans la province et non dans la métropole, peut-être en effet que dans de petites régions, la promiscuité sociale augmente la visibilité du phénomène, mais je crois qu’il est ancré en nous tous en tant qu’êtres humains.
Et attention bien, je dis cela sans jugement. Parce que si non, si on commence à avoir un jugement du jugement, on se termine jamais.
C’est-à-dire que je dis cela sans vouloir nécessairement condamner ce mécanisme, parce que je ne le considère pas comme un instrument d’attaque, mais plutôt de défense.
Je crois fortement que chaque fois que chacun, hommes ou femmes, se trouve en difficulté, face à quelque chose de nouveau, d’inhabituel, d’effrayant, ou à quelque chose que on aime faire mais que on peut pas vouloir se permettre, alors plutôt que d’admettre notre faiblesse, nous commençons à juger, à critiquer et parfois à haïr.
En revenant à la province, il nous arrive ce curieux phénomène pour lequel tout le monde se plaint qu’il n’y a rien, mais quand quelqu’un ouvre quelque chose de nouveau, un sentiment de jugement commence à se glisser sur ceux qui ont eu l’audace de l’initiative et les paris commencent à se faire sur le moment où l’exercice va se terminer.
Ce n’est pas un hasard si l’un des principaux proverbes ici est “un discore nun è fadiga” (parler n’est pas fatiguant…).
Si par hasard le malchanceux échoue vraiment, cela renforce la théorie qu’il n’y a rien et que s’apitoyer juger est légitime.
Mais le mécanisme qui est en dessous à mon avis est le suivant : comme ce n’est pas moi qui ai lancé l’entreprise et que peut-être l’initiative de l’autre me rappelle mon immobilité et ma peur de réagir et de prendre la responsabilité totale d’une entreprise, je juge, ainsi j’éloigne de moi la peur.
Ou encore, prenons tout ce qui est dit à chaque changement de génération : ” il n’y a plus les garçons du passé, on nous a appris le respect “. Je jurerais que déjà à l’époque de Christophe Colomb, des critiques similaires ont été faites.
C’est aussi la peur, que le nouveau balaye l’ancien, c’est la peur de mourir, qui se traduit par une idéalisation (qui manque souvent de lucidité) de son passé pour rejeter le présent inarrêtable qui s’impose sans demander la permission.
On juge chaque fois que quelque chose crée un piètre de touche et que nos choix risquent d’être mis en danger parce que, peut-être, elles n’étaient pas des choix, mais des chemins en cage dans lesquels nous nous sommes sentis contraints par l’impératif intérieur que nous avons acquis “faut faire comme tout le monde” !
Et ceux qui font autrement sont forcement des idiots, comme s’il s’agit de “soit toi, soit moi”, “ici on est obligé de placer un adjectif sur quelqu’un, donc soit c’est toi l’idiot, soit c’est moi qui suis la masse”.
Le fait est que personne ne le sait, nous sommes probablement tous des imbéciles étant donné que nous épousons nos causes en pensant qu’elles sont justes sans l’ombre d’un doute, sinon comment justifier tous ces efforts ? Il fait peur d’avoir investi du temps, de l’énergie, de la croyance et de la foi dans quelque chose qui n’en valait pas la peine.
Les végétaliens sont discutables pour les carnivores et les carnivores sont discutables pour les végétaliens, à chacun son paratonnerre émotionnel pour échapper à lui-même et à son honnêteté sentimentale et intellectuelle. Puis il y a les rabat-joie relationnelles, ceux qui jugent et critiquent ceux qui se séparent, trahissent, ils ont rompu. Ot, si on est tranquille de ses propres relations, on ne tire pas sur les autres. Disons que j’ai une relation satisfaisante, qui me réalise et dont je suis fier, mais qu’est-ce que ça peut me faire si Pierre e a quitté Paul pour un Jacque passionné de fitness de 25 ans ? Je ne sais pas pour vous, mais j’ai sérieusement le doute que toutes ces critiques cachent peut-être un désir caché qui ne trouve pas des débouchés. Si j’étais vraiment à l’aise avec mes choix, je passerais à autre chose.
Le point à la fin est juste ceci, pourquoi ne pouvons-nous pas passer à autre chose ? Pourquoi un influencer a-t-il des milliers de haineux qui, pourtant, vont quotidiennement sur sa page pour voir ce qu’il fait et l’insultent au lieu de vivre leur propre existence ?
Peut-être ont-ils peur d’admettre que, autant l’objet du succès peut être source de discussion et de comparaison, l’envie rampante leur rappelle qu’ils ne facturent pas 10 millions de dollars par an, et qu’au maximum c’est leur tante de 80 ans et 20 autres ” adeptes “ qui mettent “j’aime” a leurs photos.
Les influencer sont un terme de comparaison, les no-vax, ceux qui envoient leurs enfants dans différentes écoles, ceux qui mangent du tofu, ceux qui mangent le placenta, ceux qui s’habillent seulement avec des marques connues, ceux qui dépensent tout leur argent pour de nouveaux téléphones, ceux qui au lieu de trouver un emploi ” sérieux ” vont faire les marchés, ceux qui vont à la messe, ceux qui ne vont pas à la messe, ceux qui décident de se marier et d’avoir 10 enfants et ceux qui ont décidé de se fiancer àvec Tinder, et donc essayer tous ce que le marché propose.
Nous jugeons et pointons le doigt pour éviter que quiconque remarque nous, nos fragilités et nos misères. La paratonnerre est nécessaire pendant la tempête et nous devrions travailler tous ensemble pour arrêter de produire des orages.
Des questions utiles à se poser pourraient être :
Pourquoi ai-je fait ce choix ?
Pour qui ai-je fait ce choix ?
Est-ce un choix ou une protestation contre quelqu’un ou quelque chose ?
Le choix de l’autre personne remet-il en cause le mien ?
Aurais-je voulu faire le choix de l’autre personne ?
Si oui, qu’est-ce qui m’en empêche ?
À qui cette personne me fait-elle penser ?
Ai-je peur d’être jugé sur mes choix ?
Est-ce que je fais des choix basés sur ce que les autres pensent ?
Nous avons peur, beaucoup plus souvent que nous ne voudrions l’admettre. Donnons-nous le luxe de dire cela de temps en temps.
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